On prend un sentier et on se retrouve en pleine nature. Le spectacle est grandiose.
LA VALLEE ------
« Vous vous êtes trompés de vallée, il
faut revenir à Ax-les-thermes et prendre à droite de l'église ». On
ferme la porte de l’office du tourisme et immédiatement on se fait la remarque
sur le vocabulaire des montagnards qui fait écho à la singularité du territoire.
On fait difficilement demi-tour sur cette petite route sinueuse bordée d’un
muret en pierre puis on retourne à Ax-les-thermes pour prendre la vallée
voisine. Sur les routes de la
Haute Ariège, on est encerclé par les montagnes (phénomène
d’encaissement), ce qui donne la sensation d’avancer avec des œillères. Avec ce
champ de vision réduit, on découvre des bouts de paysage. Comme derrière l’objectif
de l’appareil photo, le zoom au maximum, on voit en mode macro les terres de
l’Ariège. D’en bas, elles ont une dimension monumentale et surnaturelle:
des pentes vertigineuses habitées par des forêts, des blocs rocheux avec
parfois un château posé au sommet, des eaux cristallines qui descendent, des
villages clairsemés en pierre qui se fondent dans le décor, …
LA DENT ------
En reprenant la route à droite de l’église, on
trouvera le départ du sentier pour aller au somment de la dent d’Orlu, une célébrité
de la région. La météo annonce une journée ensoleillée mais à 10h : c’est bien
bouché. Que faire ?
LE TOPOGUIDE -----
La veille, on est parti sous le soleil pour la
cascade d’Ars. Un sentier permet d’aller jusqu’au lac qui l’alimente. La montée
est régulière avec la vue quasi continue sur la cascade mais avant d’arriver au
lac, le sentier nous a détourné pour contourner une falaise. A cet instant précis, on a vu les nuages
s’installer confortablement sur la montagne avec des jeux d’opacité et de
transparence donnant aux paysages un autre charme, plus mystérieux. Le
phénomène est vite devenu méchant, on voyait plus nos pieds, encore moins le
lac. La descente est mémorable : 2 heures sous une pluie battante. Dès les
premières gouttes, on a eu un reflexe immédiat d’accélérer le pas, oubliant
d’un coup la fatigue, on s’est mis à trottiner sur les parties raisonnablement
inclinées. La randonnée avait une allure inattendue et trop sportive. Entre
précipitation et concentration, on avait 2 préoccupations contradictoires :
ne pas se planter sur notre chemin et épargner le topoguide. Bixente, qui prend
tellement soin de ses livres, était chagriné à l’idée de l’abîmer et en même
temps on ne pouvait pas s’empêcher de l’ouvrir pour vérifier et revérifier les
indications. On s’est alors accordé du temps, sous ce déluge, pour expérimenter
des techniques et des astuces d’abri, en composant avec l’environnement.
C’était drôle et surtout efficace.
LES MYRTILLES -----
Aujourd’hui, on fait finalement confiance à la
météo et part avec notre topoguide quasi neuf à la dent d’Orlu. On part dans
cet univers minéral (gneiss) avec une végétation enveloppée dans un manteau
d’eau (héritage d’hier). On avance dans une brume qui s’épaissit à quelques
endroits mais on voit suffisamment pour trouver facilement notre chemin. Ici et
là, le soleil transperce les nuages, nous laissant un indice sur le spectacle
que l’on est en train de rater. Dans la dernière partie du sentier, très raide,
on est concentré sur l’effort quand un type, entrainé et très élégant (un panama,
un beau sac rouge et un short de ville) nous dépasse en disant spontanément:
j’espère que c’est dégagé au sommet. 5 minutes plus tard, on entend une voix
qui semble arriver jusqu’à nous: c’est
dégagé ! La couche est si épaisse que c’est difficile d’y croire, on
ne dit rien et continue de monter mécaniquement. Les 5 derniers pas avant le
sommet, on passe au dessus des nuages. On oublie la fatigue, les courbatures,
les maux de dos ou de genoux, on regarde les sommets qui dépassent du tapis
blanc. La magie continue, les nuages se déplacent et progressivement
disparaissent laissant apparaitre l’horizon. La dent d’Orlu est un pic, autour duquel
il y a sur 360° une série de vallées et de montagnes. La vue est spectaculaire,
avec cette exception de voir une présence de l’homme si discrète sur ces
étendues infinies; une nature entière, presque parfaite. On a enfin une image panoramique
de l’Ariège. En descendant, on se sent heureux et privilégiés de voir les
paysages et on devient des cueilleurs (myrtilles, mûrs et framboises). Il faut
faire le plein de vitamines pour demain.
LE TALC ------
Le lendemain, on ira au col de Peyre pour voir la
plus grande exploitation à ciel ouvert de talc au monde, accessible par un
sentier d’alpage. Ça fait plus de 100 ans que cette mine est exploitée et peut
encore l’être pendant un demi siècle. Cette fois, la montagne a été redessinée
par plusieurs générations dans cet endroit perché et improbable. On y verra une
performance.
LA NATURE ------
Il y a un art de vivre ici, dépendant de cette
nature dominante. Certains le cultivent à l’extrême, enfin, c’est ce que
j’imagine en croisant des babas cool au marché de Saint Girons, d’autres
incarnent la rudesse de vivre ici comme ce paysan au regard dur en train de
diriger son troupeau de vaches que l’on croise sur la route de Monségur, cette
nature peut rendre fou (quand je repense à l’homme au chapeau à la dent d’Orlu
qui était venu pour se jeter dans le vide avec une combinaison oiseau), et
d’autres comme moi qui viennent d’ailleurs, et réveillent leur sens. J’y vois
une beauté religieuse et je suis déjà adepte…
PAYS DU COUSERANS - CASCADE D'ARS |
HAUTE ARIEGE -DENT D'ORLU - 2222 m |
PAYS D'OLMES -CARIERE DE TALC |
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